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Jean Albert Richard


Premium (World), Runkel

Les aviateurs

Exercice photographique n° 96 "Armistice" et "Grande Guerre".

De 1914 à 1918, pour la première fois de l'Histoire, la guerre se déroula aussi dans les airs. La particularité de cette nouvelle forme de guerre, c'est que, en flagrant contraste avec l'anonymat des tranchées, les protagonistes, au moins au début, se connaissaient tous personnellement pour avoir participé ensemble auparavent à des meetings civils.
Dès 1916 parut un hebdomadaire intitulé "La Guerre aérienne illustrée" que mon père, encore lycéen, achetait régulièrement et dont je possède en conséquence la collection à peu près complète. C'est indéniablement un document, qui toutefois suscite certains points d'interrogation. Alors qu'on ne parlait qu'à mots couverts de ce qui se passait au sol, ici tout le monde est glorifié, on publie le "palmarès" des pilotes (toutes nationalités confondues), chaque numéro contient un poster avec autographe, ici celui de Charles Nungesser disparu en 1927 alors qu'il tentait de traverser l'Atlantique.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Nungesser

L'ensemble fait penser à un journal sportif, et semble parfois d'un goût douteux, témoin cette réclame pour un purgatif "De même que le poilu chasse les Boches des boyaux, Jubol chasse les mauvais microbes de l'intestin." /sic!)

Tous les "as" de la chasse n'ont pas vu la fin de la Guerre. Si au début le risque était encore limité (on lâchait les commandes de l'avion pour se tirer dessus mutuellement au pistolet), on ne tarda pas à inventer des armes automatiques qui tiraient à travers les pales de l'hélice, et l'individualisme disparut assez rapidement. On se constitua en escadrilles pour obtenir de meilleurs résultats.

Le 14 juillet 1919 fut une fête nationale exceptionnelle, comme bien l'on pense.
L'aviateur et as de la chasse Jules Védrines, qui avait déjà une fois atterri sur le toit des Galeries Lafayette, passa avec son avion sous l'arche de l'Arc de Triomphe.

Si je suis relativement bien informé sur cette époque, c'est que mon père, qui avait été mobilisé en 1917 à l'âge de 18 ans, en parlait souvent, principalement de ce dont on pouvait se réjouir, soit le soulagement de toute la population quand l'Armistice fut signé. Le 11 novembre 1918, mon père était en convalescence à l'hôpital militaire Villemin à côté de la Gare de l'Est ("ma garnison la plus rapprochée", comme il disait: de chez nous il n'y avait que la rue des Récollets à traverser). Il est sorti en uniforme avec des camarades, et ils se sont faits littéralement enlever par plusieurs jeunes femmes qui les ont emmenés dîner en ville avant de leur offrir le spectacle, en tout bien tout honneur, cela va sans dire. La liesse était à son comble.

Archives et souvenirs familiaux.

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